La FPI réagit suite aux principales caractéristiques de la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, la RE 2020, publiées par le Gouvernement. Elle remplacera à terme la RT 2012.

RE 2020, un pari risqué en temps de crise selon la FPI

« Le Gouvernement a rendu publiques les principales caractéristiques de la Réglementation environnementale (RE 2020) des bâtiments neufs, qui doit remplacer la RT 2012 à partir de mi-2021. Si le secteur doit prendre sa part de la lutte contre le changement climatique, le nouveau niveau d’exigence sera difficile à respecter, et coûteux.

Le secteur du bâtiment neuf a devant lui un immense défi pour contribuer à la réduction des émissions de GES : apprendre à utiliser de nouveaux matériaux, de nouveaux équipements, de nouveaux modes constructifs etc. De ce point de vue, la RE constitue un levier de changement et d’innovation dont il doit savoir se saisir, mais aussi un risque si ses ambitions sont mal proportionnées. Or ce risque est avéré. Une norme durcie sur le neuf, quand les gisements sont dans le parc ancien.

Le Haut conseil pour le climat a rappelé hier qu’il faudrait rénover 10 fois plus de bâtiments en 2030 qu’aujourd’hui pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Les gisements d’économie de CO2 dans le bâtiment sont donc colossaux dans le parc existant, mais c’est sur le parc neuf que le Gouvernement a néanmoins décidé de durcir les normes, avec la RE 2020. Or cette nouvelle norme, coûteuse et complexe, intervient en pleine crise de la construction (-100 000 logements autorisés par rapport à 2017), alors que le secteur peine déjà à absorber les surcoûts liés au Covid. Etait-ce bien la priorité du moment ?

Après plusieurs années de préparation, le Gouvernement laisse au secteur jusqu’en 2024 pour abandonner le gaz dans le collectif, et prévoit une montée en puissance progressive, jusqu’en 2030, des objectifs de réduction des émissions de carbone dans le cycle de vie des bâtiments.

Cette approche est salutaire, mais elle ne suffira pas pour une RE qui constitue un changement de paradigme sans précédent. D’abord, parce que le Gouvernement a maintenu des échéances très rapprochées, en particulier le ressaut de performance de 30 % sur le Bbio qui exclurait entre un tiers et la moitié de la production actuelle ; d’autre part, parce que même étalées dans le temps, les ambitions restent très difficiles à atteindre, car les solutions sont mal connues, les surcoûts mal évalués, les filières nationales embryonnaires.

Pour Alexandra François-Cuxac, Présidente de la FPI : 

La RE 2020 est moins marquée par l’esprit de surenchère qu’à l’origine, mais elle reste un pari très risqué en temps de crise. Il faut qu’à chaque étape l’Etat vérifie bien,avec les professionnels, la soutenabilité économique et la faisabilité technique des nouveaux seuils. Il doit aussi soutenir les efforts de formation des filières, dont les besoins sont considérables. La RE 2020 sera un facteur de progrès et de transformation si l’Etat sait être pédagogue et accompagner les professionnels ; elle accentuera la crise si elle se fait au mépris des réalités de terrain.

Communiqué de presse de la FPI, novembre 2020.